Depuis février, le Centre national de radiothérapie a mis en place une nouvelle technique pour les femmes atteintes du cancer du sein.
Lors d’une radiothérapie pour traiter un cancer, certains effets indésirables peuvent survenir après les séances. C’est pour limiter ces conséquences sur la santé que le Centre national de radiothérapie François-Baclesse a installé, l’année dernière, un tout nouveau dispositif pour les femmes atteintes d’un cancer du sein.
Cette méthode, c’est la radiothérapie en apnée courte. Alors, comment ça marche ? Lors de la séance, la patiente doit, pendant vingt à vingt-cinq secondes, inspirer profondément puis bloquer sa respiration. C’est à ce moment-là que le traitement (les rayons) est administré. Le geste est répété plusieurs fois durant quelques minutes.
Le but est ainsi de préserver le plus possible le cœur des radiations qui servent à détruire les cellules cancéreuses. «Le fait de faire une inspiration profonde permet d’éloigner le cœur de la paroi mammaire grâce au gonflement de la cage thoracique. On limite ainsi les lésions cardiaques qui peuvent arriver dans ce type de cancer. Nous faisons cela uniquement au niveau du sein gauche, car c’est le plus proche du cœur», explique Anne Eschenbrenner, radiophysicienne.
Dans un communiqué, le Dr Bérangère Frédérick, radiothérapeute et oncologue au centre François-Baclesse, précise que cette méthode permet «de diminuer en moyenne de 7,5 % par gray (l’unité de mesure de la dose absorbée lors d’une irradiation par les rayonnements ionisants) les effets secondaires cardiaques à long terme.»
Une technique très encadrée
Mais avant d’être pratiquée, cette méthode nécessite un accompagnement préalable avec la patiente. En premier lieu, c’est le médecin qui va lui parler de ce dispositif pendant la première consultation. «Il peut même lui donner des petits exercices à faire à la maison pour apprendre à tenir les vingt secondes. Puis, la patiente revient pour la simulation et il y a de nouveau un entretien (…). Cela sera réexpliqué lors du scanner avant le traitement et lors de la délivrance de celui-ci», détaille Mélanie Habay, assistante technique médicale de radiothérapie.
Pour pouvoir développer cette nouvelle radiothérapie spécifique, le personnel soignant a aussi été formé. «Il y a au total quatre médecins, quatre physiciens et sept manipulateurs au sein de l’équipe référente. En plus des formations de base, nous avons une remise à niveau tous les ans», indique la radiophysicienne.
Contrairement à ce que l’on pourrait penser, cette méthode peut se pratiquer à n’importe quel âge. «Le seul critère est de pouvoir tenir une apnée. C’est pour cela que l’on essaye de déstresser les patients parce qu’ils ont parfois peur de ne pas y arriver, alors que ça peut être très simple lorsqu’on est vraiment détendu (…). Nous avons des personnes âgées qui réussissent très bien et des jeunes qui échouent», explique Anne Eschenbrenner.
La radiophysicienne tient à souligner que si l’apnée n’est pas correctement réalisée au cours de la séance, cela n’a aucun impact sur la réussite du traitement. «Nous avons aussi de très bons résultats en respiration libre, donc il n’y a aucune inquiétude à avoir.»
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Depuis le lancement de cette radiothérapie par inspiration bloquée en février dernier, trente patientes sur quarante ont pu en bénéficier. «S’il y a parfois certaines appréhensions, elles acceptent facilement, car elles sont heureuses d’être actrices de leur traitement», précise Mélanie Habay. À l’avenir, le Centre national de radiothérapie de Luxembourg aimerait développer cette technique pour d’autres types de cancer. «On souhaiterait déjà pouvoir le faire pour le sein droit également. Ici, on protégerait les poumons. Puis, pourquoi pas pour les cancers des poumons et du foie. C’est quelque chose dont l’efficacité a été prouvée par de nombreuses revues scientifiques», indique Anne Eschenbrenner.
Présente depuis plusieurs années dans de nombreux pays européens, comme en France, cette radiothérapie en apnée courte est pour la première fois mise en place au Luxembourg.